Dans son nouvel article, The Future of Customer dresse la liste des grandes tendances de paiement en 2023, parmi lesquelles figure le paiement répétitif. Décryptage.
Qu’est-ce que le paiement répétitif ?
Il s’agit d’une transaction effectuée plusieurs fois entre 2 entités. Aujourd’hui, de nombreuses entreprises adoptent ce type de business model, qui nécessite des process de collecte particuliers, adaptés aux encaissements à échéances régulières.
On en distingue 3 formes :
- Paiement répétitif simple sans limite d’occurrence : paiement périodique d’une somme définie jusqu’à la résiliation (ex : abonnement).
- Paiement répétitif évolutif : modèle particulier où le montant à payer évolue (ex : abonnement avec un paiement suivant la consommation, freemium…).
- Paiement répétitif simple avec limite d’occurrence : paiement périodique d’une somme définie, limité dans le temps (ex : paiement fractionné).
Deux formes de prélèvement
Et qui dit paiement répétitif, dit prélèvement. Afin d’éviter aux clients d’effectuer eux-mêmes les paiements, de risquer un désengagement ou un non-paiement, le prélèvement automatique s’avère être la solution pour de nombreux marchands.
Il existe 2 types de prélèvement : le prélèvement SEPA (SDD – SEPA Direct Debit) et le prélèvement carte bancaire. Même si leur finalité est la même, leur périmètre et utilisation connaissent toutefois des différences majeures. En voici 7 :
La mise en place du prélèvement
Pour être valide, un paiement par prélèvement requiert l’édition et la signature d’un mandat SEPA, c’est-à-dire un contrat entre le marchand et le payeur, qui précise les conditions de prélèvement autorisées. Le marchand collecte alors les informations client nécessaires (nom, prénom, adresse, IBAN, BIC). Historiquement, le mandat était adressé par courrier papier ou PDF au client pour signature. Mais aujourd’hui, afin d’éviter une rupture dans les parcours de vente digitaux, certains prestataires de paiement proposent, en plus de la collecte des informations débiteur sur un formulaire en ligne, la signature électronique du mandat par code SMS.
Un prélèvement répétitif peut également être initié sur une carte bancaire. À l’inverse du SEPA, aucun contrat n’est alors signé entre le marchand et le porteur de carte. Le payeur doit simplement renseigner le numéro (PAN), date d’expiration et CVV de la carte avant de vérifier son identité avec le protocole 3D-Secure. La capture des fonds sera alors réalisée sur la CB, compte tenu du plan de paiement défini.
La zone d’effectivité
Le SDD est accessible à tous les résidents de la zone SEPA, qui comprend 34 pays (les 28 pays de l’Espace Économique Européen ainsi que Andorre, Monaco, Saint-Marin, la Suisse et le Vatican). Celui-ci n’est opérable qu’en devise EUROS (€).
Le prélèvement carte bancaire lui, fonctionne pour tous les clients des réseaux de carte VISA, Mastercard, Cartes Bancaires et American Express, soit plus de 200 pays dans le monde, avec chaque devise ISO associée.
Le parcours client
Le prélèvement carte bancaire est immédiat, contrairement au prélèvement SEPA. En effet, dans le cas d’un prélèvement CB, le prestataire de paiement réalise la capture instantanément, puis dispose des fonds à J+1, permettant au marchand de livrer son produit ou rendre son service accessible immédiatement. On considère le parcours de règlement par carte comme étant plus abordable et familier des consommateurs.
Avec le prélèvement SEPA, plusieurs jours peuvent s’écouler entre la demande d’exécution du prélèvement et le transfert des fonds sur le compte du débiteur. On compte généralement 3 à 4 jours ouvrés, ce qui peut délayer la remise du service ou l’organisation du marchand.
Le plafond du prélèvement
Le paiement par prélèvement n’est soumis à aucun plafond maximum par la banque du payeur. En revanche, pour les cartes bancaires, un seuil limite de paiement est fixé en fonction du type de carte utilisé (particulier ou business) et de ses options (seuil hebdomadaire/mensuel, paiement à l’étranger…). C’est pourquoi, il est préférable de laisser le payeur choisir sa date en prélèvement, selon la capacité de sa carte.
La date d’expiration
La carte bancaire a une durée de validité généralement comprise entre 2 et 3 ans. De ce fait, le prélèvement carte bancaire est directement impacté par la durée de vie de la carte, mais également des événements imprévus qui peuvent survenir (carte endommagée, opposition…).
De son côté, un mandat de prélèvement SEPA ne possède pas de date d’expiration. Il est valide jusqu’à la révocation de l’accord par le débiteur. Par ailleurs, si aucun ordre de prélèvement n’a été effectué dans les 36 mois suivant sa signature, alors celui-ci devient caduc, et donc inutilisable.
Les coûts
Une différence majeure entre ces deux moyens de paiement réside dans leurs coûts. Pour le prélèvement SEPA et en passant par un prestataire de paiement, le marchand devra s’acquitter de frais de services variables selon le montant de la transaction. En passant par une banque, celui-ci devra régler des frais fixes. Il faut également noter que des frais supplémentaires, pouvant aller jusqu’à 20 euros, peuvent s’ajouter en cas de contestation de prélèvement. Les tentatives de prélèvement automatique ne sont donc pas à réaliser à la légère.
Le coût peut être sensiblement plus élevé pour le prélèvement carte bancaire. En plus des frais de service du PSP, les transactions par carte sont soumises aux frais d’Interchange bancaires et de réseaux cartes (« card scheme fees »). Ces frais diffèrent en fonction du type de carte : ils sont particulièrement élevés pour les cartes « business » ou non domestiques (hors réseau CB français).
La contestation client
Il s’agit d’un enjeu majeur dans le choix de son moyen de paiement répétitif. Avec le prélèvement SEPA, le payeur peut contester et donc être remboursé instantanément dans un délai de 8 semaines, pour un motif commercial, et dans un délai de 13 mois pour « opération non autorisée », c’est-à-dire invalidité ou absence de mandat.
Avec un prélèvement carte bancaire, le protocole 3D-S évite les cas de contestations pour « transaction non permise par le porteur » car celui-ci s’est authentifié fortement lors du premier règlement. Les contestations possibles ne peuvent être que d’origine commerciale, dans le cas où le service n’a pas été rendu ou le produit non livré. Le marchand a cependant la possibilité de se défendre et de fournir une preuve de livraison ou d’utilisation de son service, afin de réfuter la contestation.
Finalement, quelle forme de prélèvement choisir ?
Pour déterminer quel mode de paiement répétitif est le plus adapté à votre activité, plusieurs facteurs sont à prendre en compte :
- L’activité : Montant moyen, parcours de vente souhaité, habitudes des clients cibles.
- La localisation : Assurez-vous de choisir le mode de prélèvement adapté aux systèmes en vigueur dans les pays et zones adressés.
- Les éventuels risques : Une attention particulière doit être portée aux plafonds et dates d’expiration des supports.
- Les coûts : Le prélèvement carte bancaire ainsi que SEPA présentent des frais différents en fonction des risques et des charges externes liées à leur utilisation.
À vous de jouer !