Un achat à régler sur un site e-commerce ? Vous utilisez votre carte. Une inscription sur une plateforme de streaming ? Vous renseignez vos coordonnées carte pour payer les mensualités. Une baguette de pain à régler ? « Vous acceptez le paiement par carte ? »
En 2021, on ne dénombrait pas moins de 73,9 millions de cartes bancaires en France¹, soit plus d’une par habitant. Et ce chiffre est en constante progression : +22% par rapport à 2012. Aussi étonnants que ces chiffres puissent paraitre, ils démontrent surtout que l’utilisation de la carte bancaire est maintenant ancrée dans les mœurs, aussi bien en ligne, qu’en magasin.
Pourtant ce ne fut pas toujours le cas. Dans cet article, découvrez comment le paiement par carte est devenu aussi incontournable aujourd’hui.
Démocratisation du paiement par carte
Avant d’être le moyen de paiement le plus utilisé des français, la carte bancaire en a fait du chemin. Inspiré du modèle américain, le système de carte français se développe dans les 60. Vingt ans plus tard, les cartes à puces font leur apparition, inondent le marché français et remplacent progressivement les anciennes cartes magnétiques.
Depuis, les paiements par carte ne cessent de croître. La volumétrie du paiement par carte est passé de 7,8 milliards en 2012, à 16,1 milliards en 2021, soit une progression de 110%². Le Covid-19 a davantage enraciné la carte bancaire dans les habitudes européennes, puisqu’en 2020, elle représentait quasiment la moitié des transactions financières, tous moyens de paiement confondus³.
Cette démocratisation du paiement par carte bancaire s’explique notamment par les nombreuses initiatives gouvernementales et européennes, imposées aux marchands, pour faciliter les paiements CB :
- Réduction des frais de transactions cartes pour les marchands : Il y a quelques années, un commerçant pouvait payer jusqu’à 0,10€ de frais pour une transaction de 5€ (selon le contrat établi avec sa banque), l’incitant à refuser ce moyen de paiement pour les faibles montants. Aujourd’hui, pour cette même somme, un marchand ne paiera jamais plus de 0,05€.
- Généralisation du « sans contact »: L’implémentation de la technologie « sans contact » dans les TPE français a débuté en 2015.
- Sécurisation des transactions: Pour rassurer les français quant à l’adoption de nouveaux de moyens de paiement et lutter efficacement contre la fraude, certaines mises en conformité techniques et réglementaires sont exigées aux marchands, comme la DSP2 (authentification forte) ou la Loi Sapin 2 (connaissance client – KYC) par exemple.
On constate toutefois, que le succès de la carte bancaire se fait au détriment des moyens de paiement fiduciaires, tels que les espèces et des chèques.
L’évolution du paiement par carte depuis les années 70
La carte dans le commerce traditionnel
Au fil des décennies, le paiement en magasin a connu de nombreuses phases. Les années 70 ont été marquées par la prédominance des chèques de banque, offrant aux consommateurs une alternative aux espèces.
L’introduction des cartes bancaires et des Terminaux de Paiement Électronique (TPE), dans les années 80, a véritablement révolutionné la dynamique des transactions en magasin. La carte bancaire magnétique, puis à puce a été massivement adoptée par les français, puisque perçue comme le moyen de paiement le plus rapide et sûr. Le commerce physique a ensuite connu l’émergence du paiement par carte « sans contact » : +200% d’utilisation entre 2012 et 2021⁴, ½ transaction physique en 2023⁵.
Parallèlement à la hausse de l’utilisation de la carte bancaire dans le commerce de détail, de nombreuses offres de terminaux plus modernes et agiles ont émergés, facilitant l’adoption des nouvelles technologies de paiement par les marchands, renforçant la sécurité des transactions, tout en améliorant l’efficacité opérationnelle.
La révolution du paiement par carte à distance
C’est le 11 août 1994 que la première transaction en ligne, via un système de paiement sécurisé est passée. Bousculant les limites du paiement, elle marque le début d’une nouvelle ère. En effet, les années 90 ont vu fleurir de nombreux sites e-commerce (eBay, Amazon) et autres services de transferts (PayPal), qui ont profondément modifiés notre manière d’acheter et de payer en ligne.
Quelques années plus tard, avec l’avènement du m-paiement (paiement mobile), les possibilités de paiement à distance se sont encore élargies. Les consommateurs peuvent désormais payer par carte, sur un formulaire reçu depuis un lien email, sms, WhatsApp ou QR Code : le « Pay by Link ». Cette option répond pleinement aux exigences des consommateurs contemporains connectés, qu’ils soient professionnels ou particuliers.
La récente transformation digitale des points de vente physiques marque l’apogée de cette évolution, où les limites entre le commerce en ligne et hors ligne s’estompent. L’omnicanalité permet désormais aux consommateurs de naviguer de manière fluide et transparente entre les canaux de vente, offrant une expérience de consommation unique avec de nombreuses possibilités de paiement par carte.
En parallèle de l’arrivée d’acteurs (fintech notamment) qui accompagnent les marchands dans le traitement des paiements, de nouvelles règles voient le jour pour assurer la sécurité de tous ces flux de paiements en ligne, que ce soit en termes de lutte antifraude (authentification forte) ou de tokenisation des cartes bancaires par exemple.
Comment fonctionne un paiement par carte ?
Derrière un simple paiement par carte bancaire, se dissimulent plusieurs acteurs, types de flux ainsi qu’un jargon particulier qu’il convient de maîtriser pour appréhender le marché.
Les différents acteurs
L’écosystème du paiement par carte est complexe et fait intervenir plusieurs acteurs, dont voici les principaux :
- Émetteur / banque émettrice : L’établissement financier, généralement la banque, qui fabrique et met à disposition des cartes de débit et/ou de crédit.
- Réseaux carte : L’entité qui fournit le système de communication utilisé par les émetteurs de carte et les entreprises dans le traitement des transactions bancaires. Parmi les réseaux les plus connus, on peut citer Visa, Mastercard, Carte Bancaire (CB) ou American Express.
- Porteur / titulaire de carte : La personne qui détient la carte bancaire, et dont le nom y figure.
- Payeur : La personne qui effectue le paiement, en utilisant la carte.
- Acquéreur / banque acquéreuse : L’établissement financier, généralement la banque, du marchand qui lui permet l’acquisition, le traitement et le dépôt des fonds reçus par carte bancaire ainsi que la tenue de ses comptes.
- Accepteur : Tout marchand ou entité commerciale qui accepte le paiement par carte, en son nom propre ou celui de son réseau, qu’il soit physique ou en ligne.
- Bénéficiaire : La personne qui va percevoir les fonds.
D’autres acteurs peuvent intervenir, afin de fluidifier le traitement des paiements par carte, notamment :
- Prestataire de Services de Paiement (PSP) : L’entité qui propose des services liés à l’acceptation des paiements et au traitement des opérations, y compris la gestion des comptes marchands, la sécurité des transactions et la conformité réglementaire.
- Orchestrateur de paiement : L’entité qui coordonne et gère l’ensemble du processus et du traitement des paiements, dans le cas où un marchand utilise plusieurs acquéreurs et PSP, afin de faciliter la gestion des transactions et des autorisations.
- Passerelle de paiement / payment gateway : L’interface qui connecte le site marchand au réseau de paiement, et assure la transmission sécurisée d’informations liées au paiement entre le marchand et l’émetteur (acceptation ou refus).
Le traitement du paiement par carte
Une transaction par carte bancaire implique plusieurs étapes, chacune réalisée par différents acteurs :
- Initiation de la transaction : Le payeur (souvent, le titulaire de la carte) initie la transaction en renseignant les coordonnées bancaires de sa carte (sur une page de paiement en ligne ou via un TPE physique) et en s’authentifiant (code, 3DS…).
- Envoi d’une demande d’autorisation : Le marchand (accepteur) reçoit ces informations. Il transmet une demande d’autorisation à sa banque acquéreuse, via une passerelle de paiement.
- Traitement par l’acquéreur : La banque acquéreuse reçoit cette demande et la transmet au réseau de carte concerné.
- Traitement par le réseau de carte : Le réseau reçoit la demande d’autorisation et la redirige vers la banque émettrice du titulaire de carte.
- Vérification : L’émetteur de carte vérifie la disponibilité des fonds, la validité de la carte et l’absence de signaux d’alerte de fraude.
- Autorisation ou refus : Suite à cette analyse, l’émetteur répond au réseau carte un « code de retour banque » afin d’autoriser ou de refuser la transaction.
- Dans le cas d’un refus, un message explicatif viendra compléter la décision (fonds insuffisants, carte volée, plafond atteint…).
- Dans le cas d’une autorisation, une capture est réalisée, c’est-à-dire que les fonds sont « bloqués » jusqu’au prochain clearing qui initiera le mouvement bancaire, vers la banque acquéreuse.
- Transmission à l’acquéreur : Le réseau carte transmet l’information d’autorisation ou de refus à l’acquéreur.
- Transmission à l’accepteur : L’acquéreur communique cette information au marchand, soit en direct, soit via une passerelle de paiement.
- Confirmation au payeur : La décision est transmise au payeur par le biais d’un reçu carte du marchand ou d’une notification électronique.
- Dépôt des fonds : Dans le cas d’un paiement autorisé, la banque émettrice transfert les fonds à la banque acquéreuse, qui les dépose ensuite sur le compte du marchand.
- Réception par le bénéficiaire : Dans le cas où le bénéficiaire n’est pas le marchand, mais une tierce partie désignée, le marchand lui transfert ces fonds.
Les services de paiement associés aux cartes
L’univers des cartes bancaires s’étend bien au-delà des transactions traditionnelles, grâce à une myriade de facilités de paiement par carte, répondant aux besoins variés des payeurs.
Quelques exemples :
- Le paiement fractionné, démocratise l’accès aux biens coûteux, permettant aux consommateurs de répartir le coût sur plusieurs échéances.
- Le paiement par abonnement carte offre une expérience fluide, en automatisant le règlement de transactions récurrentes.
- Le paiement différé permet aux utilisateurs de repousser le démarrage de leur plan de règlement, pour plus de souplesse.
- Les wallets offrent la possibilité aux consommateurs de payer depuis leur téléphone via Apple ou Google Pay.
- L’empreinte bancaire, en tant que dispositif de paiement sécurisé, vérifier la validité et la nature de la carte en vue d’un paiement futur.
- La fonction one-click réduit les étapes, pour un paiement plus rapide et un parcours amélioré.
Cette diversification de services transforme le paiement par carte bancaire, en facilitant les transactions récurrentes ainsi que la sécurité des paiements, quel que soit le canal, le secteur d’activité ou le niveau de risque.
Avantages et inconvénients du paiement par carte
Avantages | Inconvénients |
Augmentation des ventes : Idéal pour les transactions jusqu’à 2000 €, sur tous les canaux (online, en magasin, à distance) | Coûts : Plus ou moins significatifs selon l’interchange+ (frais bancaires + du réseau de carte bancaire) |
Rapidité : Capture réalisée immédiatement, et transfert des fonds à J+1 | Plafonds : Ils peuvent être plus ou moins élevés selon le type de carte du porteur |
Solvabilité : Autorisation avant le débit, assurée par la banque du porteur de carte | Peu adapté au B2B : Les entreprises règlent principalement par virement et non par carte bancaire |
Garanti : Même si le client n’a pas la provision sur son compte, le marchand sera crédité | |
Faible taux de contestation : l’authentification forte limite de risque de contestation ainsi que les frais de chargeback associés | |
Variété des facilités et mode de paiement : abonnement, fractionné, one-clic, caution, différé… | |
Expérience client : Processus de paiement simple, intégrable entièrement et connu de tous |
Avec 185 transactions réalisées par seconde en France, la carte bancaire a un rôle central dans nos transactions quotidiennes, aussi bien en magasin, qu’en ligne. Indispensable à intégrer dans vos parcours de règlement !
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¹ Statista, Nombre de cartes bancaires françaises de 2012 à 2021 (2023)
² Statista, Analyse des opérations par cartes bancaires en France (2023)
³ BCE (2020)
⁴ Statista, Paiements sans contact en France (2023)
⁵ Insee & BPCE (2023)